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1981
à 1983 (page précédente)
1984
Il est difficile de débuter une saison sportive plus brillamment
que ne le fit Audi en 1984. Au Rallye Monte-Carlo 3 Audi ont remporté
chacune leur catégorie, en groupe N, en groupe A et en groupe B.
Et aussi incroyable que cela puisse paraître, l'Audi quattro n'avait
jamais remporté l'épreuve Reine du championnat du Monde
des rallyes. Voilà un "oubli" réparé, et
de belle manière.
En groupe N, c'est l'équipage Pierre BOS et JC. LEUVREY qui l'emporte
avec une Audi 80 quattro de 136 chevaux, comme les voitures de série
!
En groupe A, c'est la 80 quattro de Bernard DARNICHE, navigué par
A. MAHE, qui empoche le trophée tant convoité. Cette voiture
de 194 chevaux pour 1220 kilos est arrivée en tête à
Monaco après une semaine de lutte, juste devant une autre Audi
80 quattro, celle de Guy CHASSEUIL.
Le groupe B, la catégorie reine, a été emportée
par Walter RÖHRL et Christian GEISTDÖRFER avec la maintenant
connue Audi quattro A2. C'est une première pour la voiture, mais
l'équipage vainqueur grave son nom pour la quatrième fois
au palmarès de l'épreuve. La quattro ne pèse plus
que 1050 kilos pour une puissance qui s'établit aux environs de
360 chevaux.
La grande force de ces 3 voitures est leur transmission intégrale,
qui, il faut bien l'avouer, a fait des miracles tout le long de cette
semaine entièrement enneigée. Après une telle démonstration,
les derniers sceptiques des quatre roues motrices ont été
définitivement convaincus de l'efficacité du système.
Pour achever le triomphe allemand et illustrer encore plus leur outrageuse
domination, il faut signaler que les 3 premières places du groupe
B ont été trustées par les quattros de Walter RÖHRL,
Stig BLOMQVIST et Hannu MIKKOLA. Après un tel étalage de
gloire, on ne sait plus s'il s'agit du triomphe d'un constructeur ou de
la défaillance collective de l'adversité...

Les Audi quattro au Monte-Carlo (dans
l'ordre : 80 groupe N - 80 groupe A - A2 groupe B)
Lors de la seconde épreuve de la saison, en Suède,
les mêmes adversaires constaterons, encore une fois impuissants,
la toute puissante armada allemande faire main basse sur les 3 premières
places avec, dans l'ordre, S. BLOMQVIST, M. MOUTON et P. EKLUND. Le même
sénario se répétera au Portugal, à l'Acropole,
Nouvelle-Zélande, Argentine et Côte-d'Ivoire.
Mais ces victoires qui donneront le titre pilote à Stig BLOMQVIST
et le tritre constructeur à AUDI ne cacheront pas la nouvelle génération
de voitures qui se profile sous la forme de la Peugeot 205. Cette génération
a réussi l'impossible pari d'allier la légèreté
et la maniabilité de la Lancia STRATOS à l'efficacité
d'une AUDI, avec son moteur turbo et sa transmission intégrale.
Audi n'a jamais réussi à imposer sa puissance
sur une surface "dure", laissant ainsi des arguments à
ses détracteurs. La 205 a réussi lors de son premier rallye
à faire un temps scratch dès la 2ème spéciale,
avant de prendre la tête du rallye. Tous les acteurs sont devenus
spectateurs, médusés par une telle réussite effrontée.
Dès le Tour de Corse 84, le monde des rallyes bascule dans une
nouvelle ère, une ère inflationiste, une ère de démesure,
l'ère des "monstres" qui en fera le succès mais
qui en précipitera la fin.
Pour donner la réplique à l'intruse qui osait
relever le défi de la puissance, Audi avait sorti en Corse son
arme absolue, la Sport quattro, homologuée le 1er avril 1984, à
la même date que le 205 Turbo 16. Confiée à W. RÖHRL
elle manquait singulièrement de finition car elle a été
engagée la veille des vérifications techniques !
Le nouveau moteur qui l'équipe est l'oeuvre du Dr Fritz INDRA et
il ne développe "que" 420 chevaux.... mais son potentiel
est de plus de 500 chevaux ! Avec sa taille réduite de 32 centimètres
par rapport à l'A2, on dirait presque sa caricature... mais une
fois fiabilisée, elle justifiera tout le bien que son potentiel
laissait apercevoir.

1ère apparition de la Sport quattro
au Tour de Corse 84
Mais une fois de plus, Audi a agit plus dans la précipitation
que raisonnablement. Ainsi, cette saison, la Sport quattro sera peu souvent
à l'arrivée des épreuves où elle était
engagée. D'ailleurs Stig Blomqvist ne la prendra qu'en Côte-d'Ivoire,
lui préférant l'A2 qui lui convenait bien.
On notera que Michèle MOUTON fera cette année
une demi-saison après les nombreuses années passées
à écumer les routes et les pistes du monde entier, tant
pour le compte de FIAT que celui d'AUDI.
Il
restera de cette année que le double titre d'Audi sera partiellement
éclipsé par l'entrée en matière fracassance
de la jeune lionne de Sochaux.
Mais à Ingolstadt, les services commerciaux tentent
fort logiquement de tirer parti des victoires aquises sur le terrain à
l'aide des pages de publicité telles que celle-ci.
1985
Cette nouvelle saison s'annonce moins glorieuse que la précédente
; ce sera pire encore.
La 205 balaie tout sur son passage. Sept victoires en neuf courses...
et les titres constructeurs et pilotes dès la Finlande.
Pour ce qui concerne Audi, les ingénieurs ont du faire évoluer
la Sport quattro qui n'était pas suffisamment compétitive
face à la Peugeot. De nombreuses évolutions ont été
essayées tout au long de la saison, toutes ne furent pas conservées.
Les principales concernent la répartition du poids avec le transfert
des radiateurs d'eau et d'huile dans le coffre, une boites à 6
rapport à embrayage automatique, refroidissement des freins par
eau, etc.
La version "Evolution" (S1) de la Sport quattro apparut au rallye
d'Argentine. Elle est tellement puissante (plus de 500 chevaux en fin
de saison) qu'on est obligé de recourir aux appendices aérodynamiques
pour la coller au bitume. Cela ne fait pas d'elle la plus élégante
des voitures, mais sans conteste la plus impressionnante.
La seule victoire de la saison est à mettre au crédit de
Walter RÖHRL au Rallye Sanremo.

W. Röhrl au Sanremo 85
En fin de saison, ce n'est pas une, ni deux petites nouvelles
que la Sport quattro doit affronter, mais trois jeunes voitures pleines
de promesses... et de chevaux. La plus prometteuse d'entre elles, la Lancia
Delta S4 est une concentré de technologie et de puissance puisqu'elle
allie le compresseur volumétrique pour la puissance à bas
régime au turbocompresseur dans les hauts régimes. Celle-ci
fera même mieux que la 205 puisqu'au RAC Rally, elle sera en tête
de la 1ère spéciale jusqu'à l'arrivée du rallye.
L'ère de la novatrice touche à sa fin, celle par laquelle
la révolution a soufflé sur les rallyes est dépassée
par ses disciples. Le bruit d'un projet de quattro a moteur central arrière
a circulé dans le petit monde du rallye alors qu'il apparaissait
que la technique du moteur du moteur à porte-à-faux avant
et de l'empattement court n'était pas la meilleure pour espérer
encore briller. Un dessin a même été publié
dans la presse spécialisée. On n'entendra jamais plus parler
de ce projet, il restera à l'état d'idée, que nombre
de passionnés auraient aimé voir se concrétiser.

Projet de Sport quattro 2 à moteur
central...

... confirmé par la presse !
Cette année 1985 sera marqué par 2 drames que de nombreux
observateurs, surtout dans les médias de masse, associeront à
la puissance des machines. Attilio BETTEGA trouvera la mort au Tour de
Corse et Ari VATANEN fracassera sa Peugeot 205 Turbo 16 en Argentine.
Le pilote et son copilote, Terry Harryman, seront grièvement blessés
et resteront éloignés des rallyes très longtemps.
Mais il faut quand même avouer que bien que la puissance des voitures
augmente de manière significative, les routes restent identiques
et les arbres sont toujours là....
1986
Pour les spectateurs et tous les supporters, c'est l'année de
toutes les espérances. Quatre ans après son introduction,
le groupe B produit enfin tous ses effets et non moins de six voitures
spécifiques conçues pour le rallye sont engagées
en championnat du monde. Quatre constructeurs ne souhaitant pas s'investir
dans un programme complet (Audi, Austin-Rover, Citroën et Ford) le
championnat se résumera en un duel entre Lancia et Peugeot.
Audi fera subir les dernières évolutions à une voiture
en fin de carrière, il faut quand même rappeler que la base
de la voiture a 6 ans !
Au Monte-Carlo, Mikkola et Röhrl se classeront respectivement aux
3ème et 4ème places. Ce seront leurs seuls points de l'année,
Audi n'ayant pas jugé bon de faire le déplacement en Suède.
Au rallye
du Portugal, la sécurité des spectateurs est mise à
l'index après le carnage provoqué par la perte de contrôle
d'une Ford qui fonce dans la foule provoquant le décès de
3 personnes. Les équipages professionnels s'entendent pour se retirer
de la course. Il faut dire que la situation du rallye du Portugal est
très particulière car les spectateurs ont pris l'habitude
de jouer au rodéo avec les engins lancés sur la route. Les
images de ce rallyes montrent une marée humaine qui se fend au
passage des voitures. Conduire dans ces conditions relèvent de
l'héroïsme, car il est impossible de se donner à fonds
au pilotage quand on se demandent à quel moment on va percuter
un maladroit ! Les pilotes professionnels, Walter RÖHRL à
leur tête, publient une lettre manuscrite signée par tous,
signifiant leur décision de boycotter la fin du rallye. Cette lettre
avait pour but de marquer leur respect pour les victimes, montrer leur
solidarité avec le pilote incriminé, signaler la situation
particulière du rallye du Portugal avec l'impossibilité
de garantir la sécurité des spectateurs et sensibiliser
les pouvoirs publics et fédéraux à ces questions
de sécurité.
Audi, décidera de se retirer (voir le Communiqué
Audi) après le terrible accident au Tour de Corse où
Henri Toivonen et Sergio Cresto trouveront la mort. La décision
unilatérale de la FIA de mettre fin au groupe B dès la fin
de la saison confirmera la firme allemande dans sa décision. Cette
décision sera empreinte d'honneur et de droiture vis à vis
des pilote et co-pilotes décédés et sera justifiée
par le fait que si l'on estime ces voitures trop dangereuses, il ne faut
pas attendre la fin de la saison pour les arrêter.
Cette décision toute symbolique l'est d'autant
plus lorsque l'on sait que ce sont surtout les voitures récentes
(Delta S4 et 205 Turbo 16) qui sont dangereuses de par leur conception
avec le risque d'explosion qu'elles présentent.
Le terme prématuré de la carrière de la Sport
quattro ne lui permettra pas d'atteindre le palmarès de sa
glorieuse aînée, mais elle restera dans l'imaginaire
collectif comme une voiture fabuleuse, un monstre nourri aux annabolisants
mécaniques et qui vivra comme le symbole de cette période
faste des dragsters que l'on pouvaient voir sur nos routes de campagne.
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Le communiqué officiel
AUDI
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En considération de la situation créée
par les événements tragiques au cours du rallye du
Portugal, le Safari Rally et le Tour de Corse ainsi que par les
décisions prises par la FISA pour le groupe B, la direction
de Audi AG a pris la résolution suivante :
1 - En accord avec les deux équipages de l'usine Hannu
Mikkola/Arne Hertz et Walter Röhrl/Christian Geistdörfer,
Audi retire avec effet immédiat ses équipages et véhicules
du groupe B du championnat du monde des rallyes pour les pilotes
et les marques. Aussi pour des autres épreuves prévues
par l'usine, les équipages Audi avec les véhicules
du groupe B ne participeront plus.
2 - Audi AG continuera en coopération avec des autres
constructeurs d'insister sur des améliorations de la sécurité
des spectateurs et de pilotes et soumettra de nouveau des propositions
aux comités concernés pour que des changements de
réglementation concrets et satisfaisants soient faits à
ce sujet.
3 - A l'avenir, Audi AG étudiera scrupuleusement quelles
activités sportives seront entreprises en considération
des mesures nécessaires pour la sécurité.
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La
saga Pikes Peak 
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