
Même si le propos de ces pages est de parler des quattro de
rallye, il est difficile de parler d'un seul modèle... pour la
bonne raison que tous les modèles de la gamme (80-90-100-200-Coupé
et break) ont été déclinés en version quattro.
Je me limiterai à évoquer les pures et dures de la famille
,
et la turbulente Sport quattro.
Qu'appelle-t-on
une version civile (ou version client) ?
Il s'agit des versions non dédiées à la compétition
et commercialisées dans le réseau de distribution classique
pour un usage routier. Elles sont destinées à des clients
"normaux"... et fortunés.
En fonction du type d'homologation pour la compétition, un certain
nombre d'exemplaires ont dû être construits. Ainsi, pour une
homologation Groupe 4 (avant 1983) 400 exemplaires d'un modèle
similaire devaient être construits (sous-entendu : "pour être
commercialisés").
Pour une homologation Groupe B, il fallait en construire 200.
Il est à noter, que contrairement
aux autres constructeurs qui se sont lancés dans le championnat
du monde de rallyes à l'époque du Groupe B, Audi est le
seul à avoir extrapolé les modèles de compétition
de ses voitures de série. Les autres, à l'image de Peugeot
avec la 205 Turbo 16, établissaient,
au péalable, le cahier des charges de la voiture de compétition
AVANT de créer une voiture aux caractéritiques adoucies
pour tenter de la civiliser. Il en résultait souvent une auto hybride,
difficilement conduisible,
qui paraissait vraiment décalée dans le cadre d'une utilisation
routière.
Cette constante n'a jamais été démentie chez Audi
dont les voitures ont toujours été cossues, presque bourgeoises,
et agréables à conduire même pour un néophyte
en conduite sportive.
Les ur-quattro
"Ur-quattro" : Qu'est-ce que c'est
que cette bête ?
Pour la dénommer, les puristes utilisent le terme de "ur-quattro"
(en allemand), c'est à dire "vraie-quattro" par opposition
au coupé quattro qui n'était pas doté de turbo...
et n'avait rien de sportif.
On pouvait la distinguer du Coupé quattro principalement par le
renflement des ailes avant et arrière.


Audi a positionné cette voiture à la pointe
de la technique
et pour démontrer son savoir-faire a ajouté, en plus du
turbo
et de la transmission intégrale, un affichage numérique
du
tableau de bord ainsi qu'un synthétiseur de parole.
La 1ère quattro date de 1981.
Construite manuellement dans un atelier spécifique, elle était
au début disponible uniquement en conduite à gauche.
Vous trouverez ses caractéristiques techniques détaillées
comparées à celles de la Sport quattro sur cette page :
Caractéristiques Techniques.
Pour l'anecdote, en 1984, le prix de la quattro était de 265.000
Francs ce qui n'était, malgré tout, pas très élevé
au regard de la concurrence...
La deuxième génération date du début 1988.
Des améliorations ont été apportées dans un
peu tous les domaines ; du côté du chassis, la suspension
a été renforcée, des nouvelles montes de roues ont été proposées
avec des pneus Pirelli P700 en 225/50 x VR15 sur des jantes excentrées
Ronal de 8 pouces, donnant au modèle une attitude plus agressive ainsi
que l'ABS qui a été ajouté. Du côté
de la transmission, le rustique différentiel central a été
avantageusement remplacé par un différentiel Torsen qui apporte
surtout l'avantage de moduler la répartition de la motricité en fonction
des besoins. Cette répartition peut passer de 75/25 à 25/75 entre les
deux trains, alors que l'ancien différentiel ne permettait qu'une répartition
fixe de 50/50.
A l'intérieur de la voiture, de petites retouches ont été
effectuées sur le tableau de bord. La principale concerne l'ajout
de l' "auto-check", une voix féminine qui signale toutes
sortes d'alertes, niveaux d'eau, d'essence, les phares allumés,
la ceinture de sécurité, etc.... suffisament horripilante
pour que certains usagers parlent de... harcellement ! Les autres modifications
concernent la décoration extérieure, les couleurs des feux
arrières, etc.
La quattro dans sa version 1990 est une berline catalysée, bercée
par son moteur de 220 cv et de 20 soupapes. Le surcroît de puissance
par rapport au moteur précédent est du à l'ajout
de la culasse 20 soupapes de la Sport quattro pour compenser le passage
à la catalysation. Ce moteur de type RR reçoit, pour l'occasion,
une injection électronique Bosch Motronic et des soupapes au sodium pour
un meilleur refroidissement.
La production de ce modèle, le dernier de la gamme quattro, cessera
à la fin cette année 1990 et sera remplacé par le
Coupé S2.

La Sport quattro

Cette voiture est difficilement justifiable.... hors compétition
! En effet, elle a été conçue par et pour la compétition
au niveau mondial. Elle vient en plus de la uhr-quattro dans la gamme
Audi. Elle ne sera produite qu'à 214 exemplaire en 1985, le minimum
pour l'homologation Groupe B étant de 200 exemplaires.
Historiquement, elle a été créée pour redonner
un avantage à Audi en championnat du monde. En effet, son ainée
qui a été championne du monde en 1982 peine à suivre
la concurrence.
Le cahier des charges est clair et précis, défini par la
direction Audi après avis des pilotes (tous n'étaient pas
d'accord avec le dernier point) :
- raccourcissement de la voiture (pour la maniabilité),
- augmentation de la puissance,
- diminution du poids (et rééquilibrage par la même
occasion)
- .... sans modifier l'architecture (moteur en porte-à-faux avant).
La direction à Ingolstadt s'attache à conserver pour les
voitures de compétition, une philosophie proche de celle des modèles
de série. Il ne saurait donc être question d'avoir un moteur
ailleurs qu'à l'avant, et en porte-à-faux. Ce n'est pas
du goût de certains pilotes qui ne jurent que par le moteur central
arrière et argumentent en montrant les résultats des équipes
concurrentes, Peugeot et Lancia en tête. Il faut dire que le moteur
à l'avant, et plus encore, en porte-à-faux n'est pas la
position idéale pour la répartition de masses et l'équilibre
général. Cette disposition et les choix mécaniques
font d'elle (tout comme sa soeur ainée) une inébranlable
sous-vireuse, sauf pour qui sait la brusquer, s'entend !
Mais la Direction a tranché ; il en sera ainsi.
(nota : un prototype à moteur central a été
réalisé mais ne donnera pas lieu à concrétisation
industrielle ; cf. Carrière sportive).
Les caractéristiques de cette voiture (voir les détails)
démontrent clairement l'optique choisie et les grandes lignes de
la stratégie Audi pour contrer les principaux prétendants
au titre, équipés d'un moteur central.
Côté chassis...
La réduction de l'empattement de la voiture (-32 centimètres)
permet de gagner en poids et en maniabilité. De nouveaux matériaux
sont utilisés pour certains éléments de carrosserie,
tels les ailes, les capots, le toit et les boucliers qui sont en kevlar.
Du côté du moteur...
Il est doté d'un nouveau bloc en alliage d'aluminium (gain de poids)
et est coiffé d'une inédite culasse "crossflow"
à 2 arbres à cames et 4 soupapes par cylindre. La cylindrée
est ramenée à 2133 cm3 (au lieu de 2144 cm3) afin de bénéficier
d'une échelle de poids plus favorable. En effet, le coefficient
"turbo" dans le cadre du Groupe B est fixé à 1,4.
Avec une cylindrée à 2133 cm3, la Sport quattro est sous
la barre des 3 litres (2,986 exactement) et peut donc bénéficier
d'un poids minimum de 960 kg, comme la 205, au lieu du minimum à
1100 kg précédemment.
La Sport quattro de série est très loin de ce poids mini
avec ses 1300 kg. Mais la voiture de compétition descendra à
960 kg !
Toujours est-il que cette voiture, avec son gros turbo KKK, est commercialisée
avec un moteur d'une puissance de 306 chevaux et un couple de plus de
35 mkg !
Du côté de la douloureuse...
J'ai gardé le meilleur pour la fin. Cette débauche de technologie
pour une mini série a forcément un prix aussi conséquent
que la voiture est agressive, tant dans sa ligne que dans son comportement.
Elle a été commercialisée à 750.000 francs...
mais pour ce prix vous aviez des sièges avant Recaro, 2 places
arrières et le plein de sensations !
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